Chroniques

Centenaire du format 16mm

Le format 16mm correspond à celui d’une pellicule cinématographique d’une largeur de 16mm avec une perforation à la hauteur de l’inter-image. A l’origine, il a été créé afin de proposer un matériel plus économique par rapport au 35mm habituellement utilisé pour le cinéma. Nécessitant des caméras plus petites donc plus faciles à transporter, il est naturellement devenu la norme pour la prise de vue en reportage et pour la télévision entre autres. 

Le 16mm à la télévision scolaire  

La cinémathèque de la télévision scolaire (1951-1994) est composée de plus de 7 000 programmes pédagogiques, soit plus de 14 000 bobines. Toutes ces émissions ont été tournées, à l’époque, sur un support argentique 16mm double bande, c’est-à-dire qu’une pellicule était dédiée au son et une seconde était dédiée à l’image. Techniquement cela imposait un travail de précision pour, lors de la diffusion à l’antenne, synchroniser parfaitement le déroulement du document audiovisuel proposé.    Magasin film, cinémathèque de la télévision scolaire (Chasseneuil-du-Poitou). Pour des questions de conservation, toutes les copies image et son ont été reconditionnées, dans des boîtes en plastique, afin de prévenir au mieux les problématiques liées au syndrome du vinaigre.

Lors des tournages, les équipes extérieures de la télévision scolaire enregistraient le son des émissions sur magnétophones portables (6.25mm). Il était ensuite nécessaire de « repiquer » ces enregistrements sur bande 16mm afin de créer un synchronisme absolu entre l’image et le son.  

Mécanisme d'une caméra 16mm Arriflex. Image extraite de l'émission Un oeil à la caméra, série : L'homme et son aventure (1963-IPN) Programme consacré au cinéma, à l'étude du mécanisme des caméras et à l'évolution de la pellicule. Voir le film dans son intégralité (31 min)

Les équipes de tournage en action !

Permis grâce à l’évolution technique du matériel, à partir des années 60, les tournages dans la France entière se sont largement développés.  

Photo de tournage de l'émission Un grand magasin, réalisée en 1961, Edith Krausse derrière sa caméra 16mm Arriflex. Un grand magasin, série : Hommes et femmes au travail, réalisé par Gilbert Pineau (1961-IPN) - Voir le film dans son intégralité (32 min)

Image extraite de l'émission Jardin public tournée en 1965, prise de vue avec une caméra 16mm Paillard-Bolex. Jardin public, série : Etude du milieu, réalisé par Nestor Almendros (1964-IPN) - Voir le film dans son intégralité (24 min)

Lors de l’introduction de ce programme, la voix off explique la démarche de l’équipe de tournage. Dans un espace public, à la manière du cinéma documentaire, ils observent :  

« Cette émission a été possible grâce à certains progrès techniques dans la prise de vue de cinéma. Les cameramen ont été équipés avec des instruments de travail très légers, des caméras professionnelles très petites, d’un aspect amateur qui leur ont permis de capter les scènes réelles […]. Le matériel de prise de son lui aussi été léger et portatif, grâce au transistor qui a permis l’enregistrement continu sur place. »  

Photo de tournage d'une émission de la série Atelier de pédagogie : Philippe Teissonnière, derrière la caméra, film les élèves en pleine activité, la perche visible au-dessus du groupe, reccueille le son de cette séquence. Activités d'éveil à dominante scientifique : écologie (1972-OFRATEME) - Voir le film dans son intégralité (55 min)

Photo de tournage en classe de primaire pour la série : Atelier de pédagogie. Annette Bon, responsable des émissions, assise à une table d'écolier et Maryvonne Blais derrière la caméra Eclair 16mm Caméflex. 1973

La fabrication d’une émission

Réalisée en 1966, dans la série Regards sur notre monde, « Regarder faire une émission de télévision », propose de faire découvrir la manière dont un programme est fabriqué : « Le premier but de ce programme est évidemment de satisfaire une curiosité maintes fois manifestée par les élèves et de leur apporter une information précise et réaliste sur la fabrication d’une émission. On propose à la fois un document technique et humain » (Dossiers pédagogiques de la RTS. Premier cycle, 14 novembre 1966). Chaque étape de la production est détaillée, depuis la conception du scénario jusqu’à la réalisation du générique de fin.

A partir du milieu des années 80, les tournages sur pellicule argentique et les tournages vidéo en betacam puis beta SP se sont chevauchées, les dernières émissions tournées en format 16mm datent de 1994. 

Un patrimoine audiovisuel éducatif

Réseau Canopé préserve son patrimoine audiovisuel, depuis 2007, un plan de sauvegarde (traitement des copies les plus dégradées, les pellicules étant composées de produits chimiques, le facteur environnemental peut avoir une forte incidence sur la conservation des supports) et un plan de numérisation ont été mis en place.

Visionnage des programmes pour le choix, technique et documentaire, des films 16mm double bande à numériser. En haut à gauche, de la table, la bande image, en dessous la bande magnétique son. Les premières émissions en couleur, de la télévision scolaire, sont produites à partir de 1973, ce procédé se généralisera à la fin des années 70.

Aujourd’hui, plus de 3 000 émissions sont numérisées et le travail d’exploration du fonds se poursuit. Depuis le mois d’avril 2023, nous donnons accès à une partie de ces programmes patrimoniaux, grâce à l’ouverture de notre catalogue en ligne, dont le corpus sera amené à augmenter très régulièrement. 

En savoir plus : 

• Derrière les caméras, ou comment se fabrique une émission télévisée, Télé formation : 12 janvier 1976 
• Article : Les collections audiovisuelles de Réseau Canopé 
• Entretien avec Benoît Carpentier, président de Cinémathèque 16 : « Le 16mm, c’est toute une histoire à découvrir ! », 24 juin 2023, Revus et corrigés.

Nous contacter : archivesaudiovisuelles@reseau-canope.fr