Evènements
Promenade dans l'Auvergne thermale
Une émission de radio de 1964 : "Le thermalisme dans le massif central"
« De toutes les régions de France, le Massif Central est une des contrées les plus riches en sources et il nous suffit d’examiner la carte pour remarquer que le centre de notre pays alimente les bassins des quatre grands fleuves français. Parmi toutes ces sources, quelques-unes sont assez singulières. L’eau qu’elles fournissent est chaude, parfois presque bouillante. Pour d’autres, leur saveur nous révèle qu’elle contient des substances salines en quantité notable. Ces eaux, si différentes de l’eau de source habituelle, portent le nom d’eaux thermales ou d’eaux minérales. »
Ainsi s’exprimait Jean Cohade (1918-2009), directeur du Centre régional de documentation pédagogique (CRDP) de Clermont-Ferrand, au début de l’émission de radio scolaire Le Thermalisme dans le Massif Central, diffusée le 14 février 1964 sur les ondes nationales.
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Ce programme était destiné aux élèves des classes de CM2, de « fin d’études primaires » (FEP) et de « transition », c’est-à-dire à des jeunes auditeurs âgés de 9 à 13 ans. Le thermalisme dans le massif central, série : Géographie (IPN-1964) - 12 min. |
L’objectif était d’enrichir leur culture générale, de leur présenter une des activités emblématiques de l’Auvergne et – pour certains d’entre eux – de leur faire entrevoir un éventuel débouché professionnel (les métiers d’agent thermal, par exemple).
Pour présenter les caractéristiques et propriétés de ces eaux bienfaisantes, nul n’était mieux désigné que le professeur Robert Cuvelier (1910-1971), doyen de la Faculté mixte de médecine et de pharmacie de Clermont-Ferrand et membre (puis futur président) du Conseil supérieur du thermalisme.
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S’étant rendu à La Bourboule pour y répondre aux questions de Jean Cohade, l’enseignant-chercheur en profitait pour rappeler les indications de cette station parmi les plus réputée de France et, de surcroît, massivement fréquentée par une patientèle d’enfants :
« D’abord, la cure de La Bourboule a un effet général, un effet général de stimulation qui fait grandir, grossir ou, comme disait maman, fortifier les jeunes sujets qui en ont besoin : les malingres, les souffreteux, si nombreux dans la population infantile des villes. Un deuxième groupe est constitué par des sujets porteurs d’affections des voies aériennes supérieures. En particulier des lymphatiques aux végétations adénoïdes, aux amygdales, aux ganglions hypertrophiés. Certaines maladies des voies respiratoires inférieures, et parmi elles l’asthme, sont encore justiciables de la cure bourboulienne, ainsi que certaines maladies de la peau. L’éventail des indications est donc large, mais on remarque volontiers que, parmi elles, les infections qui paraissent relever d’un mécanisme allergique semblent plus particulièrement indiquées. »
Le témoignage d’une mère de famille venait illustrer son propos : le fils de cette dernière, âgé de huit ans, se rendait dans la station pour la troisième année consécutive.
« C’est la troisième année qu’il vient à La Bourboule pour soigner son asthme. Il va d’ailleurs beaucoup mieux. Depuis sa deuxième cure l’an dernier, il n’a pas manqué la classe et n’a fait que trois petites crises de quelques heures de tout son hiver. J’espère que cette troisième cure le débarrassera complètement. »
Un film en deux parties de 1973 : "Les eaux qui guérissent I." et "La vie dans les stations II."
Une dizaine d’années plus tard, en octobre 1973, une émission de la Télévision scolaire abordait le même sujet. Elle était intitulée Thermalisme et se divisait en deux parties de 17 minutes environ : Les Eaux qui guérissent et La Vie dans les stations.
Thermalisme : Les eaux qui guérissent I. Série : Une région l'Auvergne (CRDP de Clermont-Ferrand-1973) - 17 min. |
Thermalisme : La vie dans les stations II. Série : Une région l'Auvergne (CRDP de Clermont-Ferrand-1973) - 17 min. |
Ce documentaire se terminait, lui aussi, par un focus de quelques minutes sur La Bourboule : les jeunes patients étaient filmés tantôt dans l’établissement thermal, en train d’effectuer leurs soins quotidiens (bain de vapeur, inhalation, gargarisme, nébulisation, etc.), tantôt dans et autour des nombreuses « maisons d’enfants » où ils étaient logés durant leurs trois semaines de cure. Une voix off concluait l’émission de la sorte :
« Ces enfants qui se soignent, qui se promènent et qui jouent au grand air de nos montagnes, profitent pleinement, comme tous les autres curistes, des bienfaits des sources thermales de notre région, l’Auvergne. »
Comme son précédent radiophonique de 1964, l’émission avait donc une double finalité : présenter le thermalisme en tant que méthode de soin efficace, et en vanter les avantages et attraits auprès des jeunes auditeurs susceptibles de devenir, à leur tour, curistes. Comme le regrettaient les rédacteurs de la fiche d’accompagnement, ces films étaient sans doute trop courts pour embrasser toute la vaste étendue du sujet :
« Cependant, de cette brièveté résulte un style rapide fréquemment utilisé pour la télévision grand public et qui n’est peut-être pas sans intérêt pour une exploitation scolaire.[1] »
Le film se présentait en effet comme un kaléidoscope déclinant toute l’offre thermale mais également touristique de l’Auvergne. On y passait ainsi des grottes de Saint-Nectaire aux eaux hyperthermales de Chaudes-Aigues, des sources du Dôme et du Lys à Abrest aux captages souterrains complexes de Royat, des cures de boisson du Mont-Dore aux spécificités de Châtel-Guyon, Bourbon-l’Archambault et Néris-les-Bains, de l’usine d’embouteillage de Saint-Yorre au superbe hall des Sources de Vichy. Quelques images évoquaient même la construction en cours d’un établissement thermal à Châteauneuf-les-Bains.
Une expérience multimédia régionale
À la différence de l’émission nationale de radio scolaire de 1964, les deux documentaires télévisés de 1973 ne furent diffusés qu’à l’échelle régionale, en Auvergne, depuis l’émetteur du puy de Dôme et ses relais. Ils s’inscrivaient d’ailleurs dans une vaste « action multi-média [pluri-annuelle] destinée au cours moyen de l’école élémentaire (et par extension aux classes de fin d’études et de transition) »[2].
Après des thèmes comme les voies de communication, les flux postaux et les migrations humaines dans la région Auvergne, celui du thermalisme y fut décliné de diverses manières en cette fin 1973 : trois émissions de télévision (Les Eaux qui guérissent, La Vie dans les stations et une émission qualifiée de « feed-back »), trois émissions de radio (Un conteur auvergnat parle d’eaux thermales, Une station thermale à travers les âges : Bourbon-l’Archambault et, là encore, une émission « feed-back »), deux séries de diapositives (Thermalisme et agriculture en Auvergne et Volcanisme en Auvergne), un « dossier pour l’élève » d’une quinzaine de fiches et un « dossier pour le maître » d’une quarantaine de fiches. "Emissions régionales de la RTS, Une région : l'Auvergne", Média : techniques modernes d'éducation, n°29, mars 1972, p. 35-40
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Pour l’heure, les deux émissions de radio n’ont pas été retrouvées, pas plus d’ailleurs que les deux programmes de « feed-back » (radio et télévision). Cela est d’autant plus regrettable que, selon Jean Cohade, promoteur de l’opération, les élèves devaient être associés aux deux dernières :
« Ils y figurent, paraissent à l’écran, posent des question… […] rien ne nous empêchera de soumettre les sujets aux maîtres et de leur demander de nous proposer des idées, en associant les classes à l’élaboration des émissions.[3] »
Malgré tout, les deux émissions télévisées conservées brossent un panorama tout à fait convaincant de l’état de la médecine thermale au milieu des années 1970. Les grands principes thérapeutiques exposés demeurent d’ailleurs toujours actuels, même si la cure de boisson, surreprésentée en 1973, est aujourd’hui en net déclin au profit de la balnéothérapie.
Par ailleurs, à l’heure de la patrimonialisation du thermalisme (le site de Vichy a ainsi été récemment inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco), cette promenade au sein de l’Auvergne thermale de la fin du troisième quart du XXe siècle témoigne d’un certain nombre de permanences, malgré les évolutions en cours.
[1] Centre régional de recherche et de documentation pédagogiques de Clermont-Ferrand, Une région : l’Auvergne. Thermalisme-Agriculture.
[2] « Émissions régionales de la RTS. Une région : l’Auvergne », Media : techniques modernes d’éducation, n° 29, mars 1972, p. 35-40. Fiches pour le maître. Année scolaire 1973-1974.
[3] « Réflexions autour d’une expérience : entretien avec M. Cohade », Média : techniques modernes d’éducation, n° 32-33, juin 1972, p. 17.
Article rédigé par Thierry Lefebvre, Comité des travaux historiques et scientifiques
En savoir plus :
- Le parcours éducatif de santé, education.gouv.fr
- Promotion de la santé, éduscol
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