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Les marionnettes : un apprentissage en construction
Composée de six films, la série «Histoires de marionnettes» s’insère dans un plus vaste projet destiné aux écoles primaires intitulé « Expression - communication », porté par un groupe de travail explorant les méthodes pour aborder la pratique artistique en classe. Ce projet tend à apporter aux élèves des éléments de connaissances théoriques et de culture artistique, comme des moyens de s’approprier des outils de création et de s'exercer à ces disciplines à leur niveau.
| Ce groupement de programmes, également consacrés à l'expression musicale, plastique, au jeu dramatique et au mouvement, se donne, entre autres objectifs, d'initier les élèves en les confortant dans leur démarche de découverte et non dans un souci de réussite.
Dossiers pédagogiques de la radio-télévision scolaire, présentation des émissions, 1981, CNDP, p.25 et p.27 L'ensemble du document à consulter sur Gallica |
Concernant plus particulièrement la série « Histoires de marionnettes », Lucette Degrott, membre du groupe «Expression-communication », précise dans le bulletin
«Le souci, en préparant des émissions où interviendraient des marionnettes, (est) de ne pas tomber dans ce qui (nous) semble être un piège : la fabrication minutieuse de personnages fignolés. D’expérience, nous savons qu’au terme d’un travail de longue durée, les enfants ne jouent plus : il y a eu trop de décalage entre le début de la construction et le début du jeu, entre le désir de jouer et le jeu lui-même. D’autre part, le jeu derrière un castelet trop petit. Très souvent, à cause de la place qu’occuperait un castelet de bonnes dimensions, les enfants jouent sans possibilité de se mouvoir. (…) Il fallait donc rompre avec ces habitudes, et retrouver par les images que nous proposons aux enfants le sens du jeu avec les marionnettes : plaisir de dire mêlé au plaisir de faire évoluer les personnages (…) une histoire où les silences habités par des émotions exprimées corporellement comptent autant que les paroles. »
Dossiers pédagogiques de la radio-télévision scolaire, présentation des émissions, 1981, CNDP, p.37
Quatre des titres issus de cette série se focalisent plus particulièrement sur la rencontre entre les artistes professionnels et leur jeune public. Les films "Cet Etrange Atelier", "Elle allait par les chemins, les mains pleines de marionnettes", "Les montreurs de rêves" et "Les mains invisibles" sollicitent ainsi la curiosité des élèves, en déployant plusieurs techniques d'animation propres à cette pratique artistique.
En quatre séquences choisies, découverte de la manipulation de ces objets sous diverses coutures.
Cet Étrange Atelier : rencontre avec une surprenante altérité
Histoires de marionnettes : 1. Cet Étrange Atelier inaugure la série lors de sa diffusion en janvier 1981. À travers un dispositif de fiction, le film met en scène la découverte par des enfants des créatures construites par l'Atelier de l'Arcouest/Arquemuse.
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Extrait de «Histoires de marionnettes : 1. Cet Étrange Atelier», réalisé par Bernard Mercier, (1981-CNDP) 19 min. Document d'accompagnement de l'émission, Dossiers pédagogiques de la R.T.S. N°6, (1980/1981-CNDP) |
Dans cet extrait, à la sortie de l'école, Gaëlle et Nicolas se rendent dans une maison qui leur était jusqu'ici inconnue. Les plans en plongée, les lents travellings sur la haute charpente du grenier, sur les masques et les costumes que découvrent les deux enfants donnent une tonalité fantastique au récit. Une manière de mettre en avant la dimension spectaculaire, merveilleuse et étrange du spectacle employant plusieurs techniques de manipulation que livrent par la suite les marionnettistes.
Elle allait par les chemins, les mains pleines de marionnettes : Construire des personnages, un jeu d’enfant
«Histoires de marionnettes : 2. Elle allait par les chemins, les mains pleines de marionnettes» introduit d'emblée le personnage de la créatrice, l'artiste Geneviève Vedrenne. Installée à la place du professeur, elle sort de sa malette en cuir ses fournitures : du papier, une agrafeuse, des ciseaux et du fil, ainsi qu'un petit lapin, à l'instar d'une magicienne. Ce deuxième épisode diffusé début février 1981 se concentre sur le travail en classe. On peut ainsi retrouver dans le document d'accompagnement de l'émission un patron permettant de réaliser la marionnette de chien construite dans le film.
| Extrait de «Histoires de marionnettes : 2.Elle allait par les chemins, les mains pleines de marionnettes », réalisé par Bernard Mercier, (1981,CNDP)-20 min. Document d'accompagnement de l'émission, Dossiers pédagogiques de la R.T.S. N°6, (1980/1981-CNDP)
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Après avoir livré une démonstration de la confection de cet animal de papier, Geneviève Vedrenne circule dans la classe en prêtant son chien aux élèves, et leur suggère des idées pour se lancer dans leur propre création :
« Et mon petit chien maintenant, il a envie d'avoir des amis, alors il va aller se promener par ici, et peut être qu'il va avoir des amis chats, des amis léopards, des amis singes, des amis éléphants... Alors on l'emmène à la niche ! Tu vas l'emmener quelquepart et on va lui faire la surprise ! Pendant qu'il est là et sans faire de bruit, on va aller chercher du papier, une agrafeuse, des ciseaux et vous allez pouvoir commencer.»
Les montreurs de rêves : un peu de fantaisie au quotidien
«Histoires de marionnettes : 3. Les montreurs de rêve» alterne des séquences de spectacle animé par des professionnels à une forme de fiction mettant en scène un jeune garçon, revenant chez lui alors que la nuit tombe. Diffusé en mars 1981, ce troisième épisode donne à voir de nouvelles formes d'animation de marionnettes, en détournant des objets du quotidien.
| Extrait de Histoires de marionnettes : 3. Les montreurs de rêve, réalisé par Bernard Mercier, (1981-CNDP) 20 min. Document d'accompagnement de l'émission, Dossiers pédagogiques de la R.T.S. N°7, (1980/1981-CNDP)
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Un enfant se charge d'éplucher les légumes pour le repas du soir. À la tombée du jour, le moment est propice à basculer dans les rêves, le jeu et l'imaginaire. Et au fur et à mesure de sa découpe, les légumes se sculptent et s'animent. La caméra se rapproche de la pomme de terre transformée en marionnette, pour basculer dans la dernière partie du film : un spectacle entièrement composé de végétaux où fleurs, légumes, et toutes sortes de plantes dialoguent les unes avec les autres. Le document d'accompagnement du film incite ainsi à porter un nouveau regard sur l'environnement immédiat :
« Les objets, les choses de tous les jours, les plus banals, tels qu'on les trouve dans la vie quotidienne, deviennent insolites dès qu'on se met à les regarder. Ils peuvent alors, détournés de leurs fonctions, se transformer, pour un moment, en toutes sortes de choses : accessoires de jeux dramatiques, instruments de musique, objets-sculptures et bien sûr marionnettes...»
Histoires de marionnettes : 4. Les mains invisibles : Dévoiler les fils du spectacle
Ce quatrième volet livre une approche plus frontale avec les techniques déployés par les marionnettistes. Du spectacle directement interprété par les mains des acteurs, aux objets animés par dessous une table, le film diffusé en avril 1981 s'articule moins autour du travail des enfants, mais apporte des éléments de culture, et de connaissance technique de cette pratique.
| Histoires de Marionnettes : 4. Les mains invisibles, réalisé par Bernard mercier, (CNDP-1981) 18 min. Document d'accompagnement de l'émission, Dossiers pédagogiques de la R.T.S. N°7, (1980/1981-CNDP) |
Cette séquence du film se consacre à la technique de la marionnette habitable. Gédéon, le géant fabriquée par la Compagnie Dougnac pour le spectacle Pauvres Clowns descend un escalier pour se retrouver au premier plan de la scène. Un membre de la compagnie se lance alors dans les présentations en manipulant le géant pour en dévoiler le fonctionnement :
« Notre ami Gédéon c'est une marionnette habitable vous voyez. Le manipulateur est dedans. Les mains du manipulateur sont dans les bras de la marionnette et elle peut attraper ce qu'elle veut. Et lorsqu'on veut faire tourner la tête, on peut le faire. Et bien voici maintenant ce qu'il y a dans Gédéon.» rajoute t'il en soulevant le haut de la marionnette
Avec cette série consacrée à une forme d'expression théâtrale ancestrale, la télévision scolaire suscitait la curiosité artistique des élèves avec un univers enfantin, cachant des trésors de fabrication à portée de main. Avec cette recherche de mise en scène ludique où la présence de la fiction sert de trame pédagogique, la télévision scolaire conjuguait objet formel et sujet créatif, soulignant ainsi la dimension artistiques de ces émissions.
Les deux derniers films de cette série, « Dans la brousse et les forêts d'Afrique » et « Là bas en Orient » portent un regard sur les spectacles de marionnettes des continents africain et asiatique, et offrent un autre pan de cette pratique.
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Autres programmes disponibles sur le catalogue des archives audiovisuelles
| | Histoires de marionnettes : Dans la brousse et les forêts d'Afrique-1981 | |
En savoir plus :
- Pôle international de la marionnette Jacques Félix : Site regroupant la documentation sur le Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes (FMTM) et l'École nationale supérieure de la Marionnette (Esnam)
- Portail des arts de la marionnette : Dossiers thématiques, captations de spectacles et ressources pour l'éducation artistique et culturelle
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