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Un outil multimédia pour la classe et une ouverture sur le monde : la radiovision

Zoom sur la radiovision, un procédé audiovisuel développé au début des années 1960 par les équipes de la radio-télévision scolaire. À travers une sélection de programmes de géographie, redécouvrez cette approche multimédia pensée pour accompagner les apprentissages en classe.

La radiovision consistait à projeter un jeu de diapositives en synchronie avec une émission de radio conçue spécialement à cet effet. Aujourd’hui, plus de 250 programmes ont été numérisés en partenariat avec la BnF, ils sont à présent disponibles sur Gallica et sur le catalogue des archives audiovisuelles. Ces documents sont restitués sous la forme d’un montage vidéo combinant l’émission de radio et le défilement des diapositives. A l’époque, le passage des images était assuré manuellement par l’enseignant et une attention particulière était portée au signal sonore qui ponctuait le déroulé l’émission.

Un dispositif multimédia 

Ce dispositif multimédia a commencé à être utilisé en juin 1960 avec une première émission sur les peintres impressionnistes, l’usage d’images en couleur offrait un intérêt supplémentaire à ce moyen de diffusion. L’intention de l’époque n’était pas de proposer un simple commentaire descriptif des images projetées mais de concevoir et de diffuser :

"une réalisation radiophonique complète, mettant à contribution toutes les ressources de l’interprétation et de la mise en ondes : dramatisation, décor sonore, reportage, interview, etc. Elle ne double pas l’image qui serait affaiblie, mais la soutient, pour aider l’enfant à analyser" (Bulletin de la radio-télévision scolaire, 29 novembre 1965).

 

Les moyens audio-visuels à l'école élémentaire. II, émission réalisée par Patrice Gauthier. série : Atelier de pédagogie (OFRATEME-1970).

Programme de la télévision scolaire, montrant l’usage d’une radiovision en classe, dans le cadre d'une leçon d'étude du milieu : « Achère, d'un village à une cité dortoir ».

 

 Géographie, histoire, sciences, arts et peinture ou émissions musicales, sont autant de thématiques explorées dans ces programmes pour éveiller la curiosité des élèves de cours moyen et des classes de transition. La place de l’enseignant est active, d’autant plus qu’une fois l’émission terminée, les diapositives étaient ré-exploitables pour une analyse plus approfondie du sujet. Certains professeurs enregistraient aussi le programme, diffusé en direct, sur bande magnétique. Et dès les années 60, quelques CRDP (Centre régional de documentation pédagogique) ont aussi commencé à constituer des bandothèques pour rendre le support audio également empruntable (notamment ceux de Bordeaux et Clermont-Ferrand), ce qui permettait une autonomie et une liberté pédagogique plus importante pour un usage en classe.

Quelques programmes de géographie pour explorer le monde

La radiovision Au Japon est diffusée sur l’antenne de France-Inter le 28 avril 1969, d’une durée de trente minutes, elle est couplée avec la projection simultanée de 15 diapositives en couleur représentant chacune un aspect du Japon moderne.

Cette émission offre un panorama des images fortes de la vie japonaise : les sources chaudes dans la région de la vallée du diable, la culture des perles d'huîtres, la fabrication des lanternes, le lavage artisanal des tissus de soie dans la rivière, les rues de Tokyo, le tokaido (le train le plus rapide du monde)...

Au Japon, série : Radiovision (IPN-1969) 29 min. 

 

Le présentateur de l’émission introduit les éléments qui seront développés et précise aux auditeurs quelle sera la transition sonore indiquant le changement de vue, action effectuée par l’enseignant. C'est un air de musique japonaise qui donnera le signal [00:27-00:33]. Chaque programme aura sa propre phrase musicale, elle fait partie intégrante de la création et du thème traité : des cris d’oiseaux, le vrombissement d’un avion, des chants folkloriques, le carillon d’un beffroi….

« L’émission de radiovision n’est pas une leçon ; elle ne prétend pas épuiser le sujet traité. Elle n’est qu’un point de départ, une motivation pour de futurs travaux scolaires. » - Roger Bélis, producteur de radiovision. 

Dans l’émission Les chiens de traîneaux, c’est Paul-Emile Victor, explorateur, scientifique et ethnologue, qui se charge du récit autour des 12 diapositives qui composent le programme.

Il s’attarde, entre autres, sur la description de l’attelage, sur sa fonction auprès de l’homme ou sur les conditions d’acclimatation dans le grand froid. Les aboiements des chiens ponctuent le dérouler des images et participent à l’ambiance sonore générale de la réalisation.

Les chiens de traîneaux, émission réalisée par Antoine Roux (CNDP-1977) 14 min. 

 

En 1979, est diffusion de la radiovision Dawasampo, enfant de l’Himalaya, réalisé avec le concours du photographe Jean-Marie Micaud qui, comme l’indique le document d’accompagnement pédagogique de l’époque, a passé plusieurs jours dans le village de Jalsa au Népal avec Dawasampo 12 ans, fils de réfugiés tibétains. Il en a rapporté des documents photographiques et sonores qui ont permis de constituer l’émission.

DawaSampo, "Bonne Lune" en tibétain, a 12 ans. Il vit à plus de 3000 mètres d'altitude dans un camp de réfugiés près de la frontière chinoise, à 12 jours de marche de Katmandou. 

Dawasampo, enfant de l'Himalaya. Emission réalisée par Maria Rostini (CNDP-1979) 14 min. 

 

« La radiovision semble un auxiliaire précieux de l’enseignement dans le cadre des "activités d’éveil". C’est un auxiliaire efficace grâce à sa souplesse d’utilisation. Elle est au service des maîtres qui désirent aider leurs élèves à s’éveiller au monde, à "notre monde" de l’image et de la parole. » Média : revue des techniques modernes d’éducation – Avril-Mai 1974 

Dans le courant des années 70, outre l’association du son et des images fixes, les radiovisions vont s’inscrire dans un système multimédia plus complet, d’un point de vue pédagogique et matériel, et composer le dossier radiovisuel.

Chaque semaine, était associé à la radiovision, deux émissions de la série "Radio-éveil" développant des aspects complémentaires au sujet traité et des documents d’accompagnement pédagogiques regroupés dans une pochette-dossier (15 à 20 pages d’analyse des contenus des programmes, bibliographie, textes, photographie, cartes…).  

 

Média, revue des techniques modernes d'éducation - Numéro 58 / Avril-mai 1974, dossier : Activités d'éveil, radiovision, diapos et montages.

Témoignages d'enseignants : Avec les instituteurs de Paul-Eluard B, à Vitry - L'usage de la radiovision en cours moyen 

 

A partir de de l’année scolaire 1974-75, un disque souple sera associé à quelques productions, puis la démarche se développera plus systématiquement ; dans les années 80 ce sont les cassettes audios qui prendront le relais des émissions de radio diffusées en direct.

Le développement des moyens techniques audiovisuels a toujours été au centre des réflexions, dès les débuts de la télévision scolaire, et si la radiovision a été privilégiée, d’autres pistes avaient aussi été explorées dans les années 1960 mais sans être pour autant mises en œuvre (la phonovision, la discovision…). 

 

Géographie, plus de radiovisions

Une journée à New York (IPN-1964)

Sur une grande voie transalpine (CNDP-1979)

La Martinique (IPN-1964)

L'île de Batz (CNDP-1985)

En savoir plus :

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publié le 17/07/2025